Marc Tarabella est un député européen belge, membre de la Commission de l’agriculture et du développement rural, ainsi que de la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres.
Dans cette interview, il aborde la question de la progression de l’égalité homme-femme, la réforme de la Politique Agricole Commune, la protection des consommateurs et l’entrepreneuriat immigrant.
Vous avez été Rapporteur sur l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’Union européenne en 2009. 5 ans après, peut-on dire qu’il y a eu des améliorations ? Est-ce que l’égalité homme-femme est en constante progression en Europe ?
Oui, il y a une progression, en particulier dans la sphère publique. Il n’y a qu’à regarder la représentativité des femmes dans la sphère publique. Ce parlement européen comptait 30% de femmes dans la législature 2004-2009 et 35% dans cette législature-ci. Ce n’est pas encore suffisant, mais c’est un progrès.
Dans chacun des pays, l’égalité-hommes femmes augmente : après les pays nordiques, l’Espagne sous José Luis Zapatero a lancé l’idée d’avoir un gouvernement paritaire ; la France a fait de même avec François Hollande et l’Italie avec Matteo Renzi vient d’emboiter le pas.
Dans la sphère privée, c’est beaucoup moins le cas.
Vous êtes membre de la Commission de l’agriculture et du développement rural. La grande priorité de la législature 2009 – 2014 a été la réforme de la Politique agricole Commune (PAC). Pouvez-vous nous dire quelques mots à ce sujet ?
L’une des principalesavancéesde cette réformeest la possibilité deredistribuerplus équitablementles aidesentre les agriculteurs, à la fois entre les États membresetdans les États membres(entre les différents types deproduction). La réformea notamment essayé de davantageaider l’industriede l’élevage, car c’est un secteur quisouffre plus quele secteurdes céréales.
Le point faible de la réforme est que nous n’avons pas réussi à réguler correctement les marchés. La PAC n’est pas la huitième merveille du monde. Il est le résultat d’un compromis entre 28 Etats membres avec des réalités différentes. Mais il y a des signes très positifs, y compris par exemple un plus grand respect de l’environnement.
L’équité et la flexibilité sont donc les deux maîtres-mots qui résument la nouvelle politique agricole commune.
Vous êtes également Membre suppléant de la Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs. Les députés ont adopté lors de la dernière session plénière deux textes visant à renforcer la protection des internautes. Quelles sont les grandes lignes de ce rapport ?
Le point de départ est cet espionnage à grande échelle par les Etats-Unis via la NSA, qui concerne les hauts dirigeants européens mais aussi tout citoyen européen qui utilise internet par des moteurs de recherche comme Google ou des sites de réseaux sociaux comme Facebook.
Avec ce rapport, le Parlement a voulu dire que la protection des données est une valeur fondamentale en Europe, contrairement aux Etats-Unis, où là c’est le business qui est mis au-dessus de toutes les autres variables. S’il y a un profilage, il doit y avoir un consentement explicite du citoyen. Il faut que le citoyen puisse avoir ce choix.
Le rapport demande aussi à ce que les grands opérateurs ne puissent plus transférer les données européennes automatiquement vers les Etats-Unis, sans le consentement par exemple des autorités nationales. On a aussi opté vers une sanction qui soit davantage dissuasive.
Comme vous le savez, UNITEE représente les entrepreneurs Nouveaux européens, soit des individus qui vivent et travaillent en Europe tout en ayant des liens culturels et linguistiques avec un pays tiers. Pensez-vous que l’Europe utilise pleinement le potentiel offert par ces Nouveaux européens ?
Ce qui est formidable en Europe et particulièrement en Belgique, c’est qu’il y a une réelle possibilité de pouvoir utiliser son plein potentiel quand on est originaire d’un autre pays.
C’est une richesse et un atout de pouvoir parler plusieurs langues et d’être de plusieurs cultures. Mais il ne faut pas nier non plus que c’est parfois une faiblesse. Je compatis vraiment avec des proches ou des personnes qui viennent me parler de leurs difficultés à trouver un emploi ou un logement parce qu’elles portent un nom qui fait que d’autres personnes leur ferment les portes.
L’important c’est de faire tomber ces barrières, par exemple, par les échanges culturels mais aussi économiques.
La Belgique, et l’Europe en général, pourraient d’ailleurs aller plus loin dans le développement d’une relation de voisinage harmonieuse avec des pays voisins tels que la Turquie ou ceux situés sur le pourtour sud de la Méditerranée, en utilisant davantage ces vecteurs que sont les personnes d’origine étrangère.
Quel serait votre message pour encourager les Nouveaux européens à voter aux élections européennes 2014 ?
Allez-y ! Parce que vous avez fait le choix de vivre en Belgique ou en Europe.
Si vous ne vous occupez pas de la politique européenne, elle s’occupe de vous tous les jours. Tout ce que l’on décide au niveau européen vous impacte.
Intéressez-vous à la politique européenne. Faites des choix, ne vous abstenez pas. Quelque soit votre choix exprimez-vous !
Dans le monde, les pays dans lesquels on a le droit de vote sont minoritaires. Donc profitez-en !
Leave a Reply