Menacé un temps de disparaitre, le programme Erasmus a été reconduit pour sept ans et s’appelle depuis le 1er janvier dernier Erasmus plus. En le dotant d’un budget supérieur, l’Union Européenne reconnait ainsi l’importance capitale de ce programme dans la formation d’une citoyenneté européenne et l’amélioration de l’employabilité de ses bénéficiaires.
UNITEE a interrogé Antoine Godbert, Directeur de l’Agence Europe-Education-Formation– France, la seule agence nationale en France chargée du programme européen Erasmus + pour les volets éducation et formation.
En quoi consiste le nouveau programme Erasmus+ ?
Il s’agit du nouveau programme de l’Union Européenne pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport pour la période 2014-2020, avec trois « plus » :
Plus de budget : avec désormais un budget de 14,7 milliards d’euros ce qui représente une augmentation de plus de 40% par rapport à la période précédente (2007-2013).
Plus de public : ce nouveau budget va permettre de faire partir plus de gens, notamment chez les personnels de l’enseignement et de la formation.
Plus de pays : le programme s’ouvre au monde, puisque 10 à 15% des bourses concerneront désormais des séjours hors Europe.
Enfin, le programme Erasmus + correspond également à un changement de philosophie. Alors que jusqu’alors, il visait plus l’acquisition de compétences individuelles, l’objectif est désormais de créer une valeur ajoutée sur le territoire et sur le long terme.
Ainsi, des partenariats stratégiques dotés d’un budget de 150 000 euros par an donneront la possibilité à des acteurs très différents (entreprises, collectivités, universités, écoles) et qui ont parfois du mal à travailler ensemble, de participer à la création de projets innovants dans le domaine de la formation.
Quels étaient les objectifs initiaux des programmes de mobilité ? Ces objectifs ont-ils évolué avec la globalisation puis avec la crise européenne ?
Les deux objectifs initiaux, à savoir renforcer la citoyenneté européenne et accroitre l’employabilité des jeunes européens, se poursuivent. Mais il est vrai qu’avec la crise européenne, l’augmentation des compétences a été davantage mise en avant par les bénéficiaires.
Et nous l’avons prouvé récemment par deux études qui montrent que, lorsqu’ils participent à un programme de mobilité, les demandeurs d’emploi retrouvent plus facilement un emploi et les apprentis sont plus facilement recrutés à un niveau supérieur.
Mais il ne faut pas oublier qu’Erasmus permet de créer un sentiment d’appartenance commune, de créer des liens de solidarités. C’est l’apprentissage d’un nouvel mode de vie commun. Beaucoup d’entre eux découvrent pour la première fois comment on vit dans un autre pays et c’est un élément essentiel dans la vie.
En quoi peut-on dire que le programme Erasmus est un succès ? Comment le rendre accessible à une majorité d’étudiants en Europe?
Il y a trois actions à mener pour le rendre plus accessible.
D’ abord, les établissements eux-mêmes doivent mieux communiquer l’information en interne et en particulier auprès des étudiants des filières qui n’ont pas été très mobiles jusqu’alors.
Il y a aussi une action à mener de la part des élus sur les territoires, y compris auprès des familles, pour expliquer le côté positif des mobilités.
Enfin, les étudiants qui ont déjà participé au programme doivent aussi en faire la promotion auprès des autres étudiants.
Sans oublier le monde du travail qui doit rappeler l’importance des compétences linguistiques et informelles, telles que le travail en équipe et l’adaptabilité.
Est-ce qu’il y a une « Génération Erasmus » et le cas échéant, qu’est-ce qui la caractérise ?
Le programme existe depuis 27 ans et a créé deux générations.
La première, celle des aventuriers du départ, qui ont « testé » le programme et étaient peu nombreux.
Et celle d’aujourd’hui, bien plus nombreuse et qui est vouée à augmenter avec le nouveau programme Erasmus + qui concerne désormais 80 000 bénéficiaires.
Néanmoins, c’est une génération qu’il faut mieux mobiliser, en particulier dans le secteur économique. Beaucoup de communautés Erasmus se sont créées sur les réseaux sociaux mais il faut davantage institutionnaliser ces liens. La Commission et les Etats membres y travaillent et on peut également saluer l’initiative garagErasmus, qui cherche à créer un réseau professionnel autour des anciens étudiants Erasmus.
Ceux qui ont été étudiants et ont désormais des postes à responsabilité dans des entreprises doivent se retrouver et reconnaitre qu’ils font partie d’un monde du travail commun et qu’ils peuvent ainsi s’enrichir mutuellement.
Leur vision de l’Europe et leur engagement pour l’Europe changent-t-ils après leur participation au programme ?
Les résultats des élections européennes ont montré que beaucoup d’européens ne comprennent pas l’Europe voir en ont peur. Au contraire, les étudiants qui ont participé au programme Erasmus n’ont pas peur de l’Europe. Ils ont vu comment on vit ailleurs et sans relativiser les problèmes des autres pays, ils comprennent mieux ces problèmes et ont moins peur de l’européanisation.
Leur séjour leur donne aussi le goût d’échanger et chasse bon nombre de préjugés. Ils se rendent compte que les problèmes d’insertion, de réussite professionnelle qu’ils rencontrent dans leur société se retrouvent souvent, dans les mêmes conditions, dans d’autres pays.
Les étudiants Erasmus apprennent ainsi très bien devise de l’Europe : Unis dans la diversité.
L’Agence 2e2f Europe-Education-Formation :
L’agence a 3 missions principales :
– Elle a tout d’abord un rôle de gestionnaire et de contrôle des fonds attribués à l’éducation et à la formation tout au long de la vie. L’agence accompagne les projets et vérifie que les fonds soient bien utilisés.
– Elle doit également faire la promotion de ces programmes, désormais regroupés sous Erasmus +.
– Enfin, l’agence contribue à articuler le mieux possible les politiques éducatives nationales avec la stratégie communautaire et en particulier la stratégie Europe 2020.
D’ici quelques mois, elle s’appellera Erasmus + Education Formation.
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